Initiation à la taille douce

Voici un sujet bien aiguisé !

Ici nous allons apprendre les bases de cette approche pratique et en lien avec le sujet du fonctionnement métabolique de ces êtres végétaux tellement vivants...

Tout d'abord essayons de comprendre les besoins et les habitudes de nos arbres à forme libre pour mieux les accompagner 💪👍



L'axe central et terminal (guidé par une tige à bourgeon (dominante) appelée la flèche de l'arbre), placé au point culminant de l'arbre, indice donc de son influence sur tout le reste de la pousse. 

Cet axe central est le guide de pousse de toutes les autres parties de l'arbre, il est responsable de l'organisation de l'activité hormonale de croissance (les auxines et cytokinines). 

Sans lui ?

Si cet axe vient à être coupé, l'activité se retrouve remise à tous les autres axes qui vont tenter de prendre la dominance à leur tour... amenant souvent à des formes chaotiques et faisant perdre l'équilibre de la forme et de la pousse de l'arbre durant les années qui suivront. 

Après une telle action consistant à couper l'axe principal, l'arbre peux quand même retrouver son équilibre des années plus tard, mais pas toujours... 

Un autre élément à connaitre est qu'un arbre dont l'axe principal a été coupé va demander en quelques sortes à être retaillé les années suivantes, sans cela, il aura tendance à chercher à se rééquilibrer et peut passer par plusieurs formes (le balais, le forme déséquilibrée plus d'un côté que de l'autre, la création de fourches, le croisement de beaucoup de branches, un port trapu et qui s'étouffe...), tout dépendra de la vigueur du plant.


La réitération (création de nouveaux arbres sur l'arbre premier), souvent suite à des tailles trop violentes ou trop importantes, ou à des évènements qui entrainent la chute de l'arbre, qui se retrouvant à l'horizontal réitèrera. 

Dans la nature c'est une sécurité pour l'arbre de réagir de cette façon, cela lui permet de vite se remettre après un épisode violent qui l'aurait endommagé voir amené à la mort... 


Un choix  🧐

Si on souhaite de notre arbre qu'il conserve une forme et une santé équilibrée et durable, il est dans notre intérêt, de l'accompagner dans la taille, plutôt que de la contraindre ou forcer à faire quelque chose qu'il ne désire pas ou ne pourra pas faire de lui même. 


Plus on va le forcer et plus cela va nous demander d'intervenir les années suivantes. 

Plus on va l'accompagner et intervenir subtilement et plus cela va nous demander d'apprendre à le connaitre, à l'observer et nous permettant ainsi de le laisser fonctionner de la manière la plus autonome et équilibrée possible.


Il concerne la vigueur et la taille finale que prendra l'arbre à sa maturité

Plus un arbre est dit vigoureux (francs, ou formes sauvages fortes), plus il aura tendance à devenir grand et dense pouvant atteindre certaines fois plus de 10 mètre de hauteur et potentiellement de large aussi. 

Pour les petits jardins ou petites surfaces, il existe les portes greffes nanifiant (M9, M106...) qui existent surtout pour les arbres fruitiers, ceux-ci vont contraindre la pousse de l'arbre greffé à moins s'épanouir et donc à garder une taille et une quantité de travail plus adapté aux petits volumes de jardins. 

Pensez donc à regarder la prise au sol de votre arbre ainsi que sa taille définitive afin d'éviter d'avoir à le tailler fortement chaque années... A part si vous souhaitez produire de la biomasse, cela peut aussi être une idée.


Un arbre peut être visualisé comme un grand système hydraulique vivant.  

Les deux types de sèves qui circulent dans le pourtour de son tronc et de ses branches, le font toujours en circuit fermé et sous tension (certains parlent aussi de pression)

En réalité la sève brute (eau du sol 99% et sels minéraux 1%) récoltée par les racines de l'arbre et les mycorhizes qui s'y sont connectés, vont être attirés par les canaux de sève brute reliés aux feuilles. 

Pour cela, le circuit de sève brute (circulant entre le duramen, le cambium et dans l'aubier) , étant fermé et relié des racines aux feuilles ; va attirer par effet de succion la sève brute et cela dès que l'eau contenue au niveau des feuilles va s'évaporer (surtout à la période des chaleurs ou de photosynthèse), créant ainsi le vide dans une partie du canaux de sève. 

Le reste de l'eau en contre bas va être attiré, comme si on aspiré l'eau d'un verre avec une paille, (l'eau contenue dans le verre jouant le rôle de l'eau du sol, et la paille étant d'un bout à l'autre, les racines et les feuilles. Enfin notre bouche qui aspire l'eau dans la paille joue dans cet exemple l'équivalent de l'évaporation de l'eau des feuilles en périodes propices)

Et la boucle est bouclée pour la sève brute (qui circule dans le xylème)


Et l'autre circuit de sève alors ?

La sève élaborée (circule dans le phloème) qui se crée à la suite des phénomènes d'oxydation de la photosynthèse, est chargée en matières organiques 15% (acides aminés, sucres et autres), en eau 80% et en sels minéraux 5%. 

Elle va à son tour circuler à travers le liber (situé entre le cambium et le périderme) de l'arbre, viendra se stocker dans différentes parties de la plante (racines, tiges, bourgeons...) et finira par alimenter en énergie et éléments constitutifs là où il y en aura besoin. 

Ainsi l'arbre crée lui même sa propre matière et énergie pour ensuite croître et nourrir à son tour le reste du règne vivant ! 


Les végétaux à l'origine de nos sociétés ? (petit écart)

Quand on y pense, notre société entière et la vie macroscopique dans son ensemble est basée sur l'arbre et doit sa richesse et sa survie aux végétaux ! 

Ils sont les seuls êtres vivants autotrophes (êtres capables de créer leurs propres substances organiques à partir d'eau, de minéraux, de CO2 et d'énergie solaire) de notre planète à produire autant de matière organique !


5ème point nous voilà ! 🩹

La guérison d'un arbre après blessures ou infections... 

Et bien sachez qu'un arbre ne cicatrise pas là où il a eu sa blessure ou son attaque pathogène, mais il va compartimenter et recouvrir à la place ! 

Tout d'abord quand un arbre est attaqué par un pathogène (bactéries, champignons, insectes ravageurs, animaux perturbateurs, humains perturbateurs...), il commence par délimiter la zone attaquée (pour arrêter de l'alimenter et éviter que l'attaque ne s'étende) et en l'entourant avec des composés organiques actifs suffisamment puissants (terpènes, tanins, alcaloïdes, anti-oxydants...) pour empêcher que la zone infectée s'étende. 

Il finira par abandonner l'élément touché si il n'est pas indispensable, ou bien le recouvrir d'année en année afin de le refermer et éviter ainsi d'exposer trop ce point de faiblesse.

Compartimentation 

On peux voir sur cette photo une feuille attaquée dont la plante à commencé la compartimentation. On voit que les contour des parties attaquées sont plus foncés, ce sont les tanins et autres composés organiques actifs que la plante commence à envoyer.

Recouvrement 

Sur cette deuxième photo on remarque une branche qui a été coupée il y a un moment maintenant, et qui commence à être recouverte au bout de quelques années.

Le 6ème et dernier point  😌

La zone vivante de l'arbre

Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, le centre du tronc de l'arbre ainsi que ses branches ne sont pas la zone de vie et de croissance de l'arbre. 

Toute la vie de notre arbre est située sur son pourtour à partir du cambium, comme nous pouvons le voir ci-dessous ⬇️

Photo d'un tronc d'arbre sectionné et détaillé (en partant du centre vers l'extérieur)


Résumé des 6 points concernant les besoins et habitudes des arbres  🌳


Passons à la pratique 🔎✂️

Comme nous l'avons vu précédemment, l'arbre est un immense circuit hydraulique vert. 

A la place de l'eau (pour notre exemple) circule la sève brute et la sève élaborée ; toutes blessures qui créent des ouvertures du circuit sur l’environnement extérieur sont immédiatement refermées et isolées, afin de conserver en  continue la tension naturelle équilibrée et nécessaire de circulation de sève... 

Cela évite aussi à tous pathogènes de pénétrer au sein de l'arbre là où se trouve son bois de structure (duramen), ce bois étant beaucoup moins protégé que le reste de l'arbre, c'est une zone de choix pour des pathogène fongiques gourmands de bois et de lignine...


Les éléments d'hygiène





Tailler une branche au bon endroit est capital pour éviter les maladies

L'image ci-contre nous montre l’imbrication de la branche dans le tronc d'un arbre.

Ainsi une coupe adapté facilitant le recouvrement et la protection de cette branche contre les pathogènes ; s'effectuera en biais entre l'arête et le collet , bien-sûr sans trop couper et sans laisser trop de branche dépasser (chicot) comme ici sur ce schéma ci-contre. ⬅️

Vous vous dites peut-être...  😅

 Oh lala tout se que je dois savoir, c'est tellement plus facile de tailler comme je veux...


Et bien libre à chacun de choisir le mode de fonctionnement qu'il souhaite entretenir avec nos amis végétaux.

Créer une relation équilibrée avec autrui, demande d'apprendre à connaitre et à reconnaitre les besoins de l'autre, et pour cela pas d'autres moyens que de s’intéresser à lui ou elle.

Et même si cela demande du temps et de la patience, les résultats, la satisfaction et l'autonomie que cela apporte vaut bien le détour !


Voyons ensemble la taille de rajeunissement


Il peux être

Les préférences dans l'afflux de sève


L'observation d'un arbuste ou arbre permet de déterminer où se trouve sa tonicité

 - sur son sommet ou acrotonie (a l'extrémité de ses rameaux, ex: quelques arbustes : Noisetiers, lilas, et tous les arbres.)

- dans le bas de la plante ou basitonie (ex: figuiers, noisetiers, lilas, sureaux, deutzias...)

- à partir du milieu des rameaux  ou mésotonie (ex: deutzias, forsythia, sureaux...)

Mésotonie + inclinaisons des branches + arcures = Créations de rameaux médians (réitérations) de régénération de la plante

Parfois ces différents modes de ramification se conjuguent ou s'additionnent. 

L'état de santé de l'arbre est une chose, maintenant son état de senescence fait partie intégrante de sa santé et de sa longévité. C'est un des points sur lequel on va pouvoir intervenir. 

Les tailles de rajeunissement des arbres 🤸

Très utiles quand on veux redonner de l'énergie et de la vigueur à un arbre qui commence à vieillir, ou qui a été laissé à lui même de longues années sur son lieu de vie après avoir été taillé.

L'idée étant d'anticiper l'élagage naturel qui s’opère chez chacun de nos végétaux ligneux et pérennes.

Voici la charpente vieillissante d'un arbre portant de plus petites branches, dont certaines sous le poids des années ou des fruits, ont fini par prendre des arcures retombantes.

Ces branches sont dites en courbe sénescente

Le fait de les supprimer va permettre à la branche de retrouver un port plus tonique et ascendant. Permettant à la sève de circuler seulement dans les branches montantes cette fois-ci !

1) Évitez de supprimer les grosses branches, commencez toujours par les plus petites et celles qui peuvent gêner ou qui sont mortes.

2) Réalisez quelque chose d'harmonieux, l'idée étant de faire ressortir le meilleur de l'arbre, sans l'avoir contraint ou trop taillé.

3) Essayez dès que possible de travailler à deux pour la taille, l'un est dans l'arbre et taille en fonction des infos que lui apporte l'autre au sol. 

(Seul on va plus vite ensemble on va plus loin 😉)

Tous ces actes sont là pour nous permettre d'agir et d’œuvrer avec le vivant ! Ainsi une bonne partie des besoins du systèmes sont remplis par la nature qui entreprend avec nous 👍.

La simplification dans la taille

Consiste à éliminer une partie des composantes de la branche (branches secondaires mortes, tombantes, qui se croisent avec d'autres, fourches cassantes...) afin de recentrer le flux de sève sur l'essentiel. 

Car certains arbres (cerisiers, pruniers, oliviers, pommiers, poiriers et autres...) ont un port très fastigié et on tendance à avoir un port plutôt solide. Ils font donc beaucoup de tiges sur la même branche jusqu'à qu'il y en ai trop, que la productivité soit moins bonne et qu'une bonne partie commence à mourir et sécher (nous intervenons donc pour nettoyer et donc diminuer la quantité de branches en son sein).

L'action sera plus minutieuse que sur des arbres à branches souples et arquées amenant au vieillissement précoce de l'arbre. 

Ces manières de tailler en fonction de la vigueur, de la forme et de la structure de l'arbre sont l'apport spécifique de la taille douce, qui se veut agir (en ayant conscience des fonctionnements vitaux et spontanés de l'arbre) en cohérence avec le végétal qui sera taillé et nos besoins.

Le mot de l'article

Voici une partie de ce qui concerne la taille douce des végétaux et particulièrement des arbres.

D'autres articles viendront alimenter cette magnifique discipline.

Merci pour votre lecture attentive des ces quelques lignes d'introduction à la taille douce.



By "Cheminement végétal"         11/2023